Un enfant haut potentiel

Un enfant haut potentiel

Souvent nous retrouvons d’autres termes comme un enfant intellectuellement précoce, un surdoué, un prodige. Aujourd’hui c’est le terme « haut potentiel intellectuel » qui est le plus utilisé.

Nous savons que ce sont des enfants qui ont de fortes compétences intellectuelles. Ils ont un rythme de développement intellectuel nettement supérieur à celui de leur âge. Il n’existe pas de typologie précise d’enfant à haut potentiel. Mais des études ont permis de mettre en évidence certaines caractéristiques plus ou moins présentes chez les hauts potentiels. Toutefois, j’insiste en rappelant que nous ne pouvons pas parler d’un profil type. Chaque individu est différent !

Déterminer la compétence intellectuelle 

« L’intelligence est la capacité d’une personne à penser, comprendre son environnement, assimiler des notions nouvelles, identifier et résoudre des problèmes »[1].

Il faut savoir que les recherches sur l’intelligence n’ont pas permit de construire un seul et unique concept de l’intelligence. En effet, il existe plusieurs types d’intelligences et il n’existe pas de technique de mesure idéale.

Robert Sternberg (1984) distingue 3 aspects de l’intelligence qui se complètent :

  • L’intelligence analytique qui est nécessaire dans la résolution des problèmes,
  • L’intelligence créative qui permet la confrontation à de nouvelles situations et envisager des solutions originales,
  • L’intelligence pratique vue comme la capacité d’adaptation à son environnement.

L’intelligence correspondent tout autant à la rapidité de traitement de l’information, à la capacité de compréhension et résolution de problèmes et à la création de nouvelles solutions. Pour ce chercheur, la notion d’intelligence est complexe et il n’existerait pas de technique de de mesure idéale.

Le QI comme indicateur de l’intelligence ?

Toutefois, la recherche basée sur le concept d’intelligence participe à la définition du haut potentiel.

Tout d’abord c’est grâce à des tests standardisés[2] et notamment le test de Wechsler que nous pouvons définir le haut potentiel. Initialement, ce test devait permettre de distinguer les enfants susceptibles d’avoir des difficultés d’apprentissage et nécessitant un cadre d’apprentissage spécifique. Aujourd’hui, l’indicateur considéré est le quotient intellectuel

Par contre, la détermination du QI ne suffit pas pour connaître l’intelligence de la personne. Ainsi, le QI reste un indicateur et ce n’est pas l’intelligence. Le terme de quotient souligne qu’il s’agit d’une valeur numérique.

Le QI permet d’évaluer un ensemble de fonctions cognitives telles que les fonctions exécutives, la capacité à imaginer des concepts, la mémoire de travail. Mais ce chiffre, à lui seul, ne permet pas de comprendre le fonctionnement d’un enfant ou permettre de comprendre un problème de comportement.

Dans l’absolue un haut potentiel a un QI bien supérieur à la moyenne[3]  pour atteindre 130 et il doit également présenter une harmonisation des résultats aux cinq indices d’intelligence que mesure le test de Wechsler :

  • Indice de compréhension verbale : la capacité de compréhension de l’environnement, de conceptualisation, de raisonnement et d’adaptation sociale.
  • Indice de raisonnement perceptif : la capacité à résoudre des problèmes, l’intelligence fluide soit à mobiliser ses ressources cognitives pour faire face à de nouvelles situations.
  • Indice visuo-spatial : capacités de représentation de l’espace.
  • Indice de mémoire de travail : capacité à conserver en mémoire, sur un temps court, des informations et les manipuler mentalement.
  • Indice de vitesse de traitement : mesure la rapidité et l’efficacité du traitement visuel de l’information.

Le test révèle le fonctionnement intellectuel de l’enfant mais ce n’est pas forcément le cas pour le QI. Le test met en lumière les compétences et les connaissances générales de la personne et ceci à un moment donné (à l’instant T de la passation).

Des capacités spécifiques de l’enfant haut potentiel

L’enfant au haut potentiel n’est pas un prodige. Ce n’est pas une personne qui accomplie un exploit qui par ses talents devient un individu hors pair.

Un enfant haut potentiel possède en effet un esprit vif, curieux mais aussi une mémoire visuelle, des compétences de concentration, de logique et d’abstraction plus développées que d’autres personnes de son âge. Ils sont dotés d’aptitudes intellectuelles leur permettant d’être plus performant dans les apprentissages.

Des études ont réussi à mettre en évidence que le haut potentiel se distingue aussi par un fonctionnement intellectuel spécifique. Ils apprennent plus rapidement des notions complexes, leur mémoire de travail permet d’emmagasiner et de traiter plus d’information que d’autres enfants.

Cet enfant ne pense pas différemment qu’un autre enfant mais il associe plus rapidement des idées et il est plus créatif. Les recherches scientifiques confirment qu’un haut potentiel réfléchit et résout des problèmes plus rapidement.

Il fait également preuve d’un fonctionnement intuitif : il donne une bonne réponse de façon automatique. Pour lui l’explication ou la résolution par étape progressive d’un problème est vu comme une perte de temps. L’enseignement scolaire nous apprend à réfléchir et construire notre pensée. Le bon élève n’est pas forcément un enfant haut potentiel, il apprend selon l’enseignement donnée et répond aux questions. Le haut potentiel en quelque sorte « il sait simplement répondre en ayant son propre raisonnement ». Il fournit moins d’effort lors de l’apprentissage.

En règle générale, il est constaté que l’acquisition du langage arrive tôt et rapidement le vocabulaire s’enrichie.

Sa grande curiosité l’amène aussi à s’interroger sur différents éléments de son environnement et sur des notions existentielles. Toutefois, nous retrouvons également ces questionnements chez des enfants anxieux. Donc ce trait ne peut pas être généralisé systématiquement.

Il est souvent à la recherche d’activités. Il aime faire des expériences, des jeux de constructions, des activités manuelles. Mais il peut aussi jouer avec ses peluches. Aussi l’ennuie peut l’amener à passer d’une activité à une autre. Nous retrouvons aussi des enfants qui par leur maitrise du langage développent un véritable sens de l’humour. Il aime jouer avec les mots.

Enfin, le relation sociale pour un enfant haut potentiel peut être difficile à réaliser. N’arrivant pas facilement à se faire des amis, il peut se retrouver à jouer avec des enfants plus jeunes que lui. Ou encore à passer du temps avec des enfants plus âgés ou des adultes. Lors des récréations, il est aussi possible de le retrouver seul dans un coin de la cour. De fait, il apprend très vite à s’occuper seul.

Sa principale difficulté dans les relations sociales est qu’il a du mal à s’identifier à ses camarades de classe.

Rappelons les principaux traits :

  • QI supérieur à la moyenne (plus de 130)
  • Acquisition rapide du langage oral, lecture souvent spontanée et richesse du vocabulaire ;
  • Esprit vif et curieux, porte un grand intérêt pour les livres, il a soif d’apprendre, pose énormément de questions notamment existentielles. Il a un besoin de comprendre, de précision et de maitrise ;
  • Il comprend plus rapidement que ses camarades et recherche la complexité et donne peu d’intérêt aux tâches simples. Il résout plus rapidement les problèmes grâce en partie à un raisonnement intuitif.
  • Sa mémoire de travail lui permet de fournir moins d’effet que ses camarades lors des apprentissages.
  • Son cercle relationnel est différent des enfants de son âge.
  • Il a un sens de l’humour développé ;
  • Il a de bons résultats scolaires la plupart du temps

Ces traits sont à prendre avec précaution. Il n’est pas question de généraliser ces traits à tout enfant haut potentiel. Comme chez tout être humain, il existe une importante variabilité individuelle. Donc dresser un profil type reste très limité.

Autres idées sur l’enfant haut potentiel

Certaines caractéristiques citées ailleurs ne sont pas précisées ci-dessus. En effet, pour cet article, je vais suivre les remarques du Dr Vera, pédopsychiatre à la Pitié Salpêtrière. Il remarque que des caractéristiques généralement citées ne sont pas particulièrement reconnues au niveau scientifique. Toutefois, il est bon d’en parler car ils existent.

Souvent nous retrouvons l’idée que l’enfant haut potentiel a un mode de pensée différent qu’un autre enfant. Il est mentionné le terme de pensée en arborescence. Scientifiquement, il a été prouvé que tout être humain à une pensée catégorielle[4]. La pensée arborescence n’aurait pas été prouvée.

Par contre, comme nous l’avons vu, l’enfant haut potentiel associe plus rapidement des idées initialement catégorisées. Il fait preuve de plus de créativité.

L’échec scolaire ou le comportement perturbateur ne peuvent pas être des critères prévalent pour déterminer un enfant haut potentiel. Des études montrent une scolarité mieux réussie que leurs camarades de classe. Bien-sûr, il est possible de retrouver un enfant haut potentiel en échec scolaire mais cela n’est pas systématique. Aussi certains auront un besoin évident d’aménagements scolaires. Une compréhension particulière du fonctionnement de l’enfant et l’établissement d’un cadre scolaires spécifique va permettre ainsi de mieux exploiter ses capacités.

J’apprécie cette façon de présenter les choses car nous sortons de l’idée que le haut potentiel est un trouble qui expliquerait un échec scolaire. L’enfant comprend vite, l’ennuie fait rapidement place et l’enseignement finit par ne plus être cohérence aux besoins d’apprentissage de l’enfant. L’ennuie vient aussi posée la question de la présence de l’enfant en classe car il est plus en écoute flottante que concentré.

Pour terminer, l’hypersensibilité est une caractéristique de l’enfant anxieux bien qu’elle puisse être retrouvée auprès d’enfant haut potentiel. Souvent, il est dit qu’un enfant haut potentiel est anxieux voir dépressif. Mais il n’y a pas plus de risque que chez un enfant non haut potentiel.

Le haut potentiel n’est pas un trouble

Bénéficier d’un haut potentiel c’est avant tout jouir d’une capacité à comprendre, à mémoriser plus facilement et rapidement. Nous avons parlé d’enfant plus intelligents que la moyenne et plus créatifs.

Il existe bien-sûr des variabilités comme chez tout individu et c’est cela qui fait notre singularité. Les difficultés scolaires ou sociales rencontrées chez un enfant peuvent motiver à faire une évaluation. Comme le Dr Louis Vera le souligne, l’évaluation peut éviter à l’enfant haut potentiel en difficulté de développer un complexe d’infériorité.


[1] Dr Louis Vera

[2] Tests dont les conditions d’administration, de cotation et d’interprétation des résultats ont été uniformisées et s’appliquent de façon cohérente pour toutes les personnes évaluées.

[3] La norme d’un résultat au test de Wechsler va de 80 à 120 et la moyenne de 90 à 110. Le haut potentiel va au-dessus de 130.

[4] Forme de pensée qui permet de classer des objets en fonction des propriétés communes. L’étendue des catégories dépend du/des critères considérés.

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